Le Marion Dufresne secoué par la houle mais tenant son cap vers le sud, © Loïc Le Ster - Institut Polaire Français

4500 km pour s’acclimater

Vue Longitudinale babord du Marion Dufresne © Loïc Le Ster - Institut Polaire Français

L’équipe scientifique monte à bord du Marion Dufresne pour entamer un trajet d’environ 10 jours au départ de La Réunion, depuis la douceur de l’Océan Indien vers les mers agitées bordant l’archipel des Kerguelen.

Cap vers le Sud

Les premiers paysages de l’expédition ne sont pas ces images de roches noires nues balayées par le vent que l’on a à l’esprit lorsque l’on parle des Terres Australes, mais bien ceux d’une végétation luxuriante, couleur vert foncé, qui recouvre les hauteurs de la ville et sur lesquelles s’accrochent avec ténacité des nuages blancs laissant imaginer l’humidité du milieu : nous sommes à La Réunion. Puis un dernier coup d’œil vers les montagnes depuis le van qui nous emmène au Port et nous voilà sur le quai devant le bateau qui nous transportera jusqu’aux Îles Kerguelen, le Marion Dufresne.
Le Marion Dufresne se tient fièrement à quai, il a une allure majestueuse avant même d’avoir pris la mer. Le personnel affairé au chargement du bateau grouille comme une armée de fourmis, car au-delà de transporter des personnes, il transporte des vivres et du matériel pour les bases dont il assure le ravitaillement. La rotation dure environ un mois, elle passe par la base de Crozet dans un premier temps, puis Kerguelen, Amsterdam, et enfin Tromelin. Nous recevons notre numéro de cabine à notre arrivée, où nous déposons nos valises et répartissons nos affaires dans les placards. Ce lieu sera notre domicile pour quelques jours. Le navire appareille dans la même journée et quitte La Réunion en faisant cap vers le sud.

Opération portuaire à bord du Marion Dufresne, © Loïc Le Ster - Institut Polaire Français

A bord du Marion Dufresne

Peu de temps après avoir pris la mer, nous recevons les instructions du bord en ce qui concerne la sécurité à bord et réalisons un exercice d’évacuation. C’est l’occasion de commencer à faire connaissance avec quelques collègues. Certains se sont déjà croisés par le passé et se retrouvent, ils se remémorent des souvenirs d’anciennes missions. Les repas et les moments partagés au bar du bateau à jouer aux cartes ou échanger autour d’un verre permettront petit à petit aux militaires, scientifiques, personnel navigant, et autres civils composant l’équipage d’apprendre à se connaître. Au premier matin, on se lève avec comme première sensation le léger déséquilibre dû au mouvement du bateau, auquel il faudra s’habituer. La mer se forme doucement et le mouvement du bateau s’amplifie au fur et à mesure que l’on se dirige vers le sud. Puis les nuits commencent à être mouvementées, la position allongée qui était initialement une façon d’échapper au roulis se voit désormais elle aussi perturbée. On apprend à chercher le sommeil même si on roule et on glisse sur son matelas. On entend parfois un gros “bang” en pleine nuit, ce sont les “coups de trottoir” que l’on se prend, la houle qui frappe contre la coque du bateau. C’est l’expédition qui prend forme. Dehors, les températures descendent. Aller sur le pont devient une épreuve contre le vent et le froid grandissant. Puis passent les premiers albatros qui suivent le bateau de leur vol agile au raz des vagues même par grand vent et belle mer. Ils annoncent les terres australes que nous visons. On passe ensuite le quarantième parallèle de l’hémisphère sud, symbolique passage vers les “quarantièmes rugissants” qui marque notre entrée dans les mers tourmentées de l’Océan Austral.

Après six jours de mer, nous nous réveillons avec la vue sur la Baie du Marin de l’Île de la Possession : nous sommes arrivés à Crozet où se trouve la base Alfred Faure.

La Baie du Marin à Crozet où le Marion Dufresne met l’ancre pendant les opérations de ravitaillement de la base Alfred Faure
© Loïc Le Ster - Institut Polaire Français

Le ravitaillement de la base et la dépose du personnel peuvent alors commencer. Il s’agira d’effectuer le maximum d’allers-retours entre le Marion Dufresne et la base tant que la météo le permet. Le Marion Dufresne restera 2,5 jours dans la Baie du Marin avant de repartir pour la base de Port-aux-Français à Kerguelen, deuxième objectif de la rotation. Il reste environ 800 milles nautiques à parcourir pour atteindre Kerguelen. Si tout va bien, le bateau jettera l’ancre dans le Golfe du Morbihan dimanche 22 août 2021 au petit matin, onze jours après avoir quitté La Réunion.

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