Base scientifique permanente “Alfred Faure” de l'archipel Crozet © Loïc Le Ster - Institut Polaire Français

Que partons-nous faire à Kerguelen ?

Loïc Le Ster sur les terres des Kerguelen, et au loin, en mer, le navire océanographique Marion Dufresne à bord duquel
lui et ses collègues voyagent - © Loïc Le Ster - Institut Polaire Français

Une équipe de trois scientifiques prend le départ pour les îles Kerguelen. Pendant ces cinq mois de mission, l’un d’eux, Loïc Le Ster, nous partage leurs travaux, leur quotidien et ressentis à travers son carnet de voyage !
Avant de monter à bord de leur bateau océanographique, découvrons leur mission…

Qui nous rapporte ce carnet de bord?

Loïc Le Ster est étudiant en thèse au Laboratoire d’Océanographie de Villefranche (LOV, CNRS/Sorbonne Université) et au Centre d’Études Biologiques de Chizé (CEBC, CNRS/La Rochelle Université).
Dans le cadre de son doctorat dont l’objet d’étude est l’éléphant de mer de Kerguelen, et en compagnie de Christophe Guinet (directeur de recherche au CNRS et CEBC) et Antoine Bertault (vétérinaire volontaire en Service Civique pour l’Institut polaire français), Loïc Le Ster effectue une mission de terrain sur l’Archipel des Kerguelen dont un des objectifs est de placer des balises de suivi sur ces phoques austraux.

 

Que partons-nous faire à Kerguelen ?

Notre mission aux îles Kerguelen qui se déroule du mois d’août au mois de décembre 2021 s’inscrit dans le cadre d’un programme scientifique multi-annuel porté par l’Institut polaire français Paul-Émile Victor (IPEV) nommé programme CyclEleph.
Le programme CyclEleph se base sur la bio-télémétrie et le bio-logging pour étudier l’écologie, le comportement et l’environnement de prédateurs marins tels que les éléphants de mer dans la zone de l’Archipel des Kerguelen.

 

Au fait, qu’est-ce que le bio-logging ?

Le bio-logging est la technique qui consiste à placer une balise sur un animal dont les mesures de capteurs tels que l’accéléromètre, le magnétomètre et la localisation vont premièrement permettre d’extraire des données comportementales de l’animal.
Outre les données comportementales, d’autres capteurs permettent d’étudier l’environnement de l’animal en mesurant par exemple la température, la salinité, la lumière ou encore le bruit ambiant.
Enfin, des données physiologiques comme la température interne peuvent également être récoltées pour en apprendre plus sur le métabolisme même de l’animal étudié.
Lorsque ces données sont transmises en temps réel, on parle de bio-télémétrie. Bien souvent, dans le cas des éléphants de mer notamment, devant le volume important des données récoltées par les enregistreurs, les informations ne peuvent pas être transmises dans leur totalité et doivent être stockées dans la mémoire des balises électroniques. Il devient donc nécessaire de prévoir également la récupération de celles-ci.

 

Mais alors, pourquoi l’éléphant de mer?

Au cours de son trajet au large des îles subantarctiques, l’éléphant de mer sillonne un océan que les scientifiques étudient avec un grand intérêt : l’Océan Austral, qui encercle le continent Antarctique. Cet océan est très important pour les scientifiques car il s’étend sur une grande partie du globe et a donc un rôle central à l’échelle planétaire, mais aussi parce qu’il abrite des écosystèmes constitués d’une biodiversité très riche, avec des organismes allant du phytoplancton aux grands prédateurs, en passant par les petits crustacés et les poissons. Mais le climat rude qui y règne rend difficile la navigation, et ces zones sont donc peu accessibles pour les navires océanographiques.

Éléphant de mer à terre durant la période de reproduction (Péninsule Valdes, Argentine) - © Loic Le Ster - Institut polaire français.

Bien qu’il est possible d’observer la surface de l’Océan depuis l’espace, la couverture nuageuse fréquemment présente dans la région et la présence de glace de mer rendent parfois difficiles les observations par satellite. Plongeant environ soixante fois par jour à des profondeurs dépassant régulièrement les cinq cent mètres, les éléphants de mer équipés de balises permettent de récolter des données qui complètent et prolongent en profondeur les observations faites par satellite et donnent la possibilité aux scientifiques d’étudier des zones souvent peu observées. Les phoques austraux équipés de balises sont ainsi utilisés comme bio-échantillonneurs du milieu océanique et représentent aujourd’hui une composante majeure du système d’observation de l’Océan Austral.
Par ailleurs, en écophysiologie, le métabolisme des éléphants de mer est étudié aussi bien à terre qu’en mer à travers l’évaluation des dépenses énergétiques engagées par l’animal : on mesure leurs fréquences cardiaques et leurs fréquences respiratoires en utilisant des enregistreurs implantés ou acoustiques, ainsi que l’effort de nage que l’on évalue au moyen d’accéléromètres. Mieux comprendre les adaptations dont l’organisme de ces mammifères fait preuve dans l’environnement très contraint qu’ils rencontrent apporte aussi des clés de compréhension dans le domaine de la médecine.

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