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Vue sur le littoral en face de la cabane de Cataractes, © Loic Le Ster - Institut polaire français

Un premier aperçu
du terrain

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Deux des membres de l'équipe lors de la marche de transit de la base de Port-aux-Français vers la cabane de Cataractes
© Loic Le Ster - Institut polaire français.

Un nouveau refuge doit être construit sur la côte nord de Kerguelen. Pour valider l’emplacement du site, une équipe de 4 scientifiques est envoyée pour inspecter la faune et la flore dans ses environs.

Objectif suivi de gorfous macaronis

Il est prévu d’installer avant la fin de l’année 2021 un nouveau refuge près d’un site où des ornithologues assurent annuellement le suivi d’une colonie de gorfous macaronis, une espèce de manchots vivant dans l’archipel. Pour installer ce nouvel abri, le projet doit d’abord s’assurer qu’il n’implique pas un dérangement majeur pour la faune et la flore locale : c’est pourquoi une équipe est envoyée pour une courte expédition sur site afin de valider l’emplacement prévu.

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Pétrel géant (Macronectes giganteus) nichant à proximité du Cap Cotter, au nord de Kerguelen
© Loic Le Ster - Institut polaire français.

L’équipe est composée de deux botanistes et un ornithologue. L’objectif est d’inspecter les alentours du futur abri, avec une attention particulière portée sur les nids de pétrels géants, ainsi que sur le parcours d’environ 1 kilomètre entre le refuge et le littoral, où l’on relève les espèces de plantes présentes afin de définir éventuellement un tracé spécifique à suivre pour l’accès à la colonie de gorfous macaroni. Lors de cette expédition, il n’y aura pas de travail en rapport avec les éléphants de mer, mais c’est l’occasion pour un nouvel arrivé sur base de prendre contact avec les sorties de terrain sur Kerguelen.

Un trajet semé d’embûches

Nous partons donc à quatre pour cette expédition qui doit s’étendre sur quatre jours et trois nuits. Nous faisons cap vers le nord depuis la base de Port-aux-Français avec l’objectif d’atteindre le lieu d’étude en deux étapes.

Le vent souffle assez fort mais nous l’avons dans le dos, ce qui favorise notre progression. Cependant, l’enneigement cumulé lors des jours précédents va quelque peu compliquer la lecture du terrain. En effet, celui-ci est parfois piégeur, car nous traversons de nombreuses zones humides parsemées de sortes de flaques de boue appelées “souilles”, dont la profondeur dépasse fréquemment le mètre. Dissimulées sous une couche de glace et de neige, elles peuvent être difficiles à détecter. Pour les éviter au mieux, on tâte avec les bâtons, le premier fait la trace, et le groupe marche dans ses pas. Mais bien sûr, la méthode n’est pas sans faille et il est courant à Kerguelen de se retrouver avec le bas du corps plongé dans une de ces souilles. C’est en quelque sorte le petit incident « classique » du scientifique de terrain sur Kerguelen. Néanmoins la première difficulté rencontrée dans ce trajet ne fut pas la boue mais l’eau de la rivière. En effet, peu de temps après le départ, nous arrivons à la première rivière du parcours. Elle se traverse d’habitude sans trop de difficultés car nous marchons en bottes. Cependant à cause des récentes précipitations et de la fonte de la neige, le niveau d’eau de celle-ci est particulièrement élevé et cela nous oblige à la longer quelque temps avant de trouver un passage possible. Le niveau d’eau du passage choisi est optimal mais toujours trop élevé pour conserver les bottes, alors on déchausse, on retire les vêtements du bas, on prend une bonne inspiration, et on traverse ce cours d’eau à la température proche de zéro degré. Les trois autres rivières du parcours posent moins de problèmes et se traversent bien. Le premier refuge sera atteint dans l’après-midi après 7h30 de marche alternant zones humides et champs de cailloux.

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La Rivière du Château, première rivière rencontrée sur le parcours, dont la traversée nous a bien rafraîchi les jambes
© Loic Le Ster - Institut polaire français.

Le lendemain nous repartons pour le site d’étude en longeant cette fois la côte, où déjà quelques éléphants de mer échoués sur les plages se préparent pour la période de reproduction et annoncent aux scientifiques le travail à venir les concernant. À proximité du futur refuge se situe une cabane destinée à être démantelée. Nous l’atteignons sous un vent puissant qui soulève de fortes vagues et accélère les gouttes de pluie, qui se mêlent aux embruns et nous percutent à l’horizontale. Équipés de vêtements de pluie et de lunettes-masques sur les yeux, nous effectuons dans l’après-midi l’inspection du lieu d’étude. Nous nous replions ensuite à l’abri du vent dans la cabane et nous cuisinons un bon repas chaud pour nous remettre de l’effort et retrouver un peu de confort. Le reste de l’expédition consistera à effectuer le trajet retour, selon les deux mêmes étapes, en visant à marcher durant les plages horaires les plus favorables en termes de conditions météorologiques.

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Cabane de Cataractes, première étape de l’expédition, l’occasion de sécher nos vêtements mouillés
© Loic Le Ster - Institut polaire français

Deux jours plus tard, au terme des quatre jours de cette expédition, nous atteignons avec joie la base où une douche chaude bien appréciée et un repas soigneusement préparé par les cuisines nous attendent.

Dans la prochaine story, suivez la mise en service de la cabane !

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